Quelques mots sur Le Voyage au pôle Sud de Luc Jacquet

Écologue de formation, Luc Jacquet découvre le contient Antarctique en 1992 lors d’une mission ornithologique du CNRS. C’est aussi lors de cette mission qu’il est initié à l’utilisation de caméras et à la réalisation. Depuis, il a réalisé plusieurs documentaires autour de l’écosystème antarctique dont, La Marche de l’Empereur en 2005, oscarisé en 2006.

(Luc Jacquet)

Débutant en Terre de Feu, Le Voyage au pôle Sud documente son retour, 30 ans plus tard, sur le continent antarctique. Contrairement à l’affiche, le film est en noir et blanc. La photographie est sublime. Chaque plan est à couper le souffle. La bande-son est splendide. La balance entre field recordings et effet sonore est parfois difficile à identifier. Une lecture plus précise du générique permettrait surement de répondre à cette question.

(Luc Jacquet)

Sans grande surprise c’est un film du silence. On y est baigné, petit à petit, et on s’y sent bien. Le retour à la ville n’est pas très agréable.

Le film tient plus de l’illustration poétique du carnet de voyage que du documentaire à proprement parler. Il s’agit plus de contemplation d’un infini sauvage qui est devenu bien rare que d’un discours pédagogique. À noter quelques références bibliographiques apparaissant ici et là : Penser comme un iceberg de Olivier Remaud, Le Voyage de Charles Baudelaire (?) et quelques autres que je n’ai pas réussi à identifier.

Amundsen au pôle Sud le 14 décembre 1911 (AFP)

C’est aussi une histoire de tension forte entre volonté de découverte, de conquête et de conservation. Un hommage aux hommes, notamment Magellan, mais aussi tous ceux qui ont entamé l’aventure de la conquête du pôle est fait. Je le comprends et le partage. Une telle entreprise, dès le XVIème siècle force le respect. Mais où s’arrête la découverte et où commence la conquête d’un territoire ? Avec le recul de plusieurs milliers d’années d’histoire humaine, l’ignorance de tels territoires n’est-elle pas la meilleure façon de les protéger ?

Toute la question centrale est ici : la volonté de se réfugier dans un espace vierge de toute humanité. C’est un sentiment que je partage et j’ai bien peur que ce sujet ne soit bientôt plus possible à traiter. Il y a déjà 16 ans, Werner Herzog tournait Encounters at the End of the World, en partie autour des activités humaines en Antarctique. Son ciel y est surement déjà défiguré par Elon Musk.

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